On fête avec juste raison la conquête spatiale et les premiers pas de l’Homme sur la lune. Je veux ici fêter ceux qui à cette époque ont pu rendre possible cet exploit, car vu d’ici, c’est devenu un exploit. Pourtant , c’était chose normale, le juste résultat d’efforts d’hommes et d’équipes soudés autour d’un projet et de technologies nouvelles. Nous étions alors dans un monde qui savait progresser et vivre intensément pour des projets dépassant les intérêts de quelques individus. 40 ans d’activité nous ont permis de faire des comparaisons entre le monde d’aujourd’hui et celui d’hier, le résultat n’est pas à l’avantage de la société moderne, en encore moins comparée à celle que certains qualifient de Rupture.
Jeune ingénieur à l’époque, travaillant sur des techniques à la mode aujourd’hui , je pouvais compter sur une direction compétente en tous sujets, technologie, stratégie, investissement et productions. Les comptables se contentaient de plonger leur nez dans leurs comptes et pas ailleurs.
Au fil du temps cette capacité à offrir des réponses à nos questions s’est tarie, l’entreprise a été prise en main par des gestionnaires, les comptables se sont affublés de ce terme pour paraître plus instruits, mais, ils n’ont jamais eu l’esprit d’analyse , ni l’esprit suffisamment créatif pour continuer l’œuvre des patrons précédents. Pire, ils ont donné à leur chef le nom de manager , lesquels se sont contenter de vérifier le travail des gestionnaires en oubliant l’innovation et la pérennité de l’entreprise ainsi que celles de leurs produits. Ces managers ont été très vite dépassés par les évènements techniques et l ‘évolution de la technologie, s’appuyant sur des responsables de services à leurs images. Nous avons été plongé dans la gestionnite aiguë et inutile, peu propice au maintien de nos positions techniques, à l’époque, dominantes.
Ces managers de ces temps modernes savent briller en société , formés plus à la communication qu’à la direction active , ils encombrent les places de direction en plongeant sans vergogne nos entreprises dans le marasme. Inutile de rappeler le sort de Vivendi, celui de la Société Générale, celui d’Alcatel, inutile non plus de rappeler les causes de la crise financière. A cela, il faut ajouter la participation active à la mondialisation, moyen facile et peu coûteux de faire de l’argent rapidement.
Voilà pourquoi, nous ne saurions pas dans une avenir proche répéter les exploits de ces équipes qui ont fait marcher l’Homme sur la lune. Ce n’est même pas une question d’argent, uniquement une question de la compétence du management d’aujourd’hui, que ces types reviennent sur terre et exercent avec brio les responsabilités qui leur sont confiées et qu’ils ne bottent pas en touche, qu’ils n’essaient pas de ressembler aux hommes politiques. Qu’ils soient à leurs postes crédibles et inventifs, autant que ceux qui les ont précédées , il y a 40 ans. Nostalgique, non, inquiet pour l’avenir.